28 février 2011
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Les frères Coen, les filous. Après avoir gagner le statut de monstres sacrés du cinéma, titre loin d'être usurpé aux vues de leurs précédentes réalisations ( O'Brother, The Big Lebowski, No Country for old men ), les deux compères ont décidé que dans ce bas monde du cinéma, ils pouvaient se contenter de rendre le service minimum, et que ça serait toujours un film des frères Coen, donc toujours a fucking good movie. Mais là où ils parvenaient à introduire une marque de fabrique, une certaine idée de cinéma, à la fois très américaine mais en même temps extrêmement reculé du républicanisme qui ronge le cinéma américain, ce remake de 100 Dollars pour un shérif ne s'élèvent pas plus haut que ces films totalement convenus qui sortent par centaines chaque année. Il y a certes de la qualité c'est indéniable, photographie superbe, Hailee Steinfeld s'imposant comme une belle découverte, mais tous ces bons éléments sont mis au service d'un film cherchant sa propre exactitude, comme pour correspondre au modèle du western parfait, statut qui si on y regarde à 2 fois, ne s'est jamais vérifié par le classicisme mais par un décalage acide et une violence implicite en puissance. Le maître Sergio Leone a imposé ses westerns comme les meilleurs justement pour leurs imperfections, et on les a à tord définis comme classique alors que leurs vraies essences étaient dans les sous entendus et le point de vue contre-culturel du cinéaste italien. C'est donc ce manque de décalage dont les frères Coen sont, on le sait, capable qui manque au film, True Grit ne trouve pas cette identité qu'il cherche pourtant à se forger par le biais de personnages originaux, un temps, puis qui deviennent des icônes déjà vues, et pas seulement parce qu'il s'agit d'un remake, emportant avec eux le soupçon de vitalité qui animait le film. Cette tentative de faire un film à la sauce Coen ne prend donc pas malgré quelques scènes, bien pensées qui rappellent vaguement leur bonnes heures, mais il y a toujours cette recherche systématique de l'équilibre entre un cinéma populaire et une empreinte personnelle qui fait que le film se trouve le cul entre deux chaises, comme tiraillé.
Une désagréable impression de cinéma en roue libre, qui a fait ses preuves, oui mais peut être aussi qui a fait son temps, en témoigne l'épilogue moisi qui finit de tâcher ce film déjà moyen. En espérant un rebond prochain, enfin dans 5 ans quoi, le temps de se remettre du dur travail qu'a du occasionner le film.