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6 novembre 2010 6 06 /11 /novembre /2010 11:58

Nolan, c'est bien connu, choisit toujours des sujets où il a une grande marge de manœuvre, pour développer un scénario alambiqué, des personnages plus complexes à chaque fois, et son aisance à utiliser habilement les flash-backs dévoile toute l'étendu de son talent. Le Prestige c'est en quelque sorte Nolan qui défini ce qu'est pour lui le cinéma : des mécanismes, des truquages pour parvenir aux tours qui n'ont rien de magique, c'est ce que cela provoque chez celui qui regarde qui relève du magique, de l'extraordinaire, belle métaphore de sa conception amoureuse du cinéma. Au delà de cette véritable déclaration d'amour au cinéma, Le Prestige est un grimoire de magie arcane où on ne sait plus qui des deux magiciens à l'avantage sur l'autre, tant leur duel s'engouffre dans des ténèbres de cruauté et de sacrifices. Un film fort, bien interprété, magistralement orchestré doté de plans absolument incroyable de mystique qui en font peut être à la différence des autres films du réalisateur un objet de mystère où tout semble à découvrir, Nolan se plait à exploiter les symboles magiques, d'en faire des objets sacrés et divinisés qui deviennent des icônes essentielles dans l'appréhension du spectateur, un équilibre précaire entre curiosité et peur, comme ce glaçant mais incroyablement intriguant cimetière de chapeaux. Limitant autant que possible les explication des tours, pour ne pas altérer le plaisir de la magie peut être, mais surtout pour se concentrer sur ce que la magie a de plus passionnant, à savoir ses secrets, utilisés comme éléments d'intrigue et comme objets de convoitise et cause de la dégradation, de la déchéance même des deux magiciens, torturés par ce qu'il ne savent pas jusqu'en oublier ce qui est réel et finalement juste sous leur nez. S'il peut sembler alors dommage et maladroit de jouer sur le terrain de la science-fiction, cet écart est en fait essentiel car il ne sert qu'à rappeler la condition oubliée durant le film, " le magicien n'est pas un sorcier ", et  le dénouement glacial s'il fait l'effet d'un tour alors révélé, prend tout son sens et remet en cause avec un fracas mémorable tout ce qui est plus grave que la magie : la réalité.


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commentaires

B
Je n'ai pas lu le livre donc je ne peux pas comparer mais à ce que tu en dis cela doit être vraiment passionnant, vu que le film m'a sidéré
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A
J'adore le film mais je recommande franchement le livre de Christopher Priest qui va quand même beaucoup beaucoup (beaucoup) plus loin dans la reflexion sur le thème de l'identité, du perceptible, etc. <br /> C'est étonnant de voir à quel point Priest a inspiré Nolan dans son cinéma (y compris pour inception) et comme il reste malgré tout méconnu malheureusement.<br /> <br /> Très bonne adaptation en tout cas, même si très différente du support d'origine.
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W
Un très grand film. Personnellement le Nolan que je préfère.
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M
Hey merci de ta réaction ! le film est électrique, c'est sur ( confère la machine ). je suis d'accord avec toi, tu résumes bien la philosophie de Nolan, je le dis doucement car j'ai honte en fait, je n'ai pas vu memento... je vais y remédier vite, c'est promis
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G
C'est vrai que ce film est réellement fascinant, attractif, éléctrique. Il y a quelque chose d'un peu lostien dans le fait qu'on est sans cesse à l'affut, comme quand on attend qu'un magicien (qui nous fait croire ce qu'il veut qu'on croit, gardant toujours le contrôle) nous révèle, peut-être, un peu de ses secrets.<br /> <br /> On retrouve toujours les mêmes idées chez Nolan. <br /> - Dans Memento, Lenny choisit arbitrairement une hypothèse de la "réalité" (dont il ne peut se souvenir) pour en finir avec cette histoire. <br /> - Dans the dark knight, le joker cherche à montrer que, dans d'autres conditions, un honnête homme peut être assassin, et vice-versa (expérience des deux bateaux).<br /> - La fin d'Inception brouille la frontière entre rêve et réalité, parce que c'est finalement subjectif (Cobb est heureux dans sa réalité, qui n'était qu'un rêve pour sa femme).<br /> - Et dans Le prestige, tu l'as bien dit, on joue avec les artifices, on déguise la réalité, la brouillant avec un fantastique qui n'existe peut-être que grâce à la puissance de l'imagination.<br /> <br /> La petite philosophie nolaniene, c'est que nous sommes des êtres subjectifs. Le monde, extérieur, n'est perceptible qu'avec nos sens, et chacun s'en forge une représentation avec ce qu'il a comme données, comme outils d'analyse. Et qu'en sachant ça, on peut tout faire : on peut se faire batman, on peut se faire magicien, on peut trouver son bonheur, on peut faire du cinéma.
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